samedi 20 décembre 2014

Page 107


Il y’a de ces motivations qui trouvent leurs raisons inexpliquées. Comme se réveiller un matin, trouver son lit répulsif, prendre une douche froide et se regarder sur le miroir. Simuler une ambiguïté soit pour se morfondre dans la mélancolie ou simplement se sentir fort. Invincible serait plus juste. Et ce matin, je me sens invincible.

Je mets un costume de taille plus petite, histoire de respecter les codes de l’élégance. La cassure des épaulettes pile sur les articulations, les revers assez larges pour combler l’absence de muscle, et un pantalon de courte taille qui décidément en voudra à mes désert-boots. Ce matin encore la route sablonneuse de Yoff et les impétuosités de chaque recoin. De manière assez subtile, se manifeste une cassure de la routine, quelque chose de neuf qui après chaque pas provoque en moi une joie inexplicable. Peut être que cette cravate bien choisie cohabitant avec mon mouchoir de poche du même ton a su provoquer une certaine légitimité. Me poussant à sourire, à marcher bien droit mais surtout à sourire. C’est sous ces airs de manager que je surprends quelques regards admiratifs, puis mon excès de zèle pour détourner l’attention sur la gêne occasionnée.

Me voici sans surprise dans la « Ligne 1 ». Ce matin afin de m’éloigner de la mouvance de la masse, je décide de me faire une playlist assez particulière. D’abord Jessie Ware pour me dire je t’aime, « Ebale ya Zaïre » du Poète et enfin un peu comme pour dire à Simaro que le bon goût a des adeptes un peu partout, Ablaye Thiossane me berce avec « Thiéré lamboul ». Par chance je ne tomberai pas sur la revue de presse. Les adeptes de propagandes ne sont généralement pas d’humeur matinale.

Quelques minutes suffiront pour m’apercevoir que le rythme lent de ma playlist prend le dessus sur mon euphorie du matin. A l’horizon se dessine sans surprise l’habituelle mélancolie. Comme le suggère Felwine, j’accepte la souffrance comme une réalité instructive et consubstantielle à la vie. Tel un coucher de soleil. J’arrive à me trouver une place priant que ma nouvelle résolution ne soit pas élusive. Je tiendrai un moment avant d’être hélé par dame vicissitude. Au fil du trajet, j’apprécie la nature et les immeubles, je rebute l’insolence des chauffeurs et les fanfreluches de certaines femmes. Au loin, un panneau publicitaire, peut être par envie j’essaie de trouver la petite bête sur la tenue du figurant. Rien à signaler tout est bien coupé. Ma main qui glisse dans le sac, naturellement sort « DAHIJ », mon meilleur ami. A ce moment précis, la résolution est simple : allez à la page 107 et lire ce qui suit :

« Eviter la vanité. Tuer la part de comédie en soi. Se voir tel que l’on est, sans complaisance, sans affectation, sans autoflagellation. A partir de là, employer chaque instant à s’élever.
Etre de bonne compagnie, faire partie de ceux qui diffusent autour d’eux, dans l’atmosphère, joie et paix.
Ceux dont la présence gratifie le Temps.
Savoir accepter le malentendu sur soi.
Ne jamais rien quémander. Ni amour, ni tendresse, ni compréhension. Etre libre de l’approbation d’autrui. Ne jamais céder à aucune pression, si douce soit elle. Etre libre de la désapprobation d’autrui.
Ne pas se presser. Se la couler dans le Temps, se fondre en lui. Aller au fond des choses. Œuvrer et grandir avec le Temps. Ni flagornerie, ni flatterie, ni faux-semblants, ni concession. Ne pas rendre compte. Ne pas se confier. Protéger cette flamme qui grandit dans l’ombre. La ravir aux regards indiscrets. Se cacher. La pierre s’abrite dans la mine pour devenir diamant. Remporter chaque jour une victoire, si petite soit-elle. Tuer Narcisse. Tuer Polichinelle. Tuer Ubu.

Dieu est une idée qui élève. »

@diinedk

mercredi 10 septembre 2014

ABLAYE THIOSSANE

Un saxophone, une voix. Des émotions distribuées avec parcimonie. Des mots doux prononcés langoureusement dans une atmosphère dépouillée de tout folklore. Ablaye Thiossane est donc ce vieux bonhomme qui se croît encore devant un tableau. Avec son pinceau qui divague, titillant les angles les plus lointains et profonds de nos sens.

Inutile de se lancer dans un interminable monologue. Retenons qu' Ablaye a 78 ans, qu'il compose et chante depuis plus d'une cinquantaine d'années. Thiossane son tout premier album est ce récit inspiré par l'histoire de ses ancêtres et de son amour pour la musique africaine et cubaine.




@diinedk

jeudi 5 juin 2014

Lourens Gehbart, un "Gourou Vintage"


« Mon fils, la mode est ce que tu adoptes lorsque  tu ne sais pas encore qui tu es, assures- toi d’être toujours bien habillé ».
Des mots simples d’un grand-père à son petit fils, revendiquant un fort caractère et avec la nuance d’une volonté de franchir les limites. Car il serait difficile d’imaginer à l’époque du grand-père Gehbardt de voir un dandy (selon leur concept) dans les rues de Namibie.

Lourens Gehbart, ma récente découverte. Autodidacte, celui qui aime se faire appeler le « Gourou vintage » est un amoureux de tout ce qui sort de l’ordinaire. Sa passion, façonner un vêtement ou un accessoire ancien et parvenir à titiller les préjugés du sens de l’esthétisme. En prenant le style de la génération de son grand-père et en y ajoutant une touche moderne et un peu folklorique, Lourens parvient à obtenir d’après ses mots : un mélange de sophistication et de punk pour obtenir un style qui est une extension de soi-même.
« J'aime le fait que je peux customiser quelque chose de cru à partir de 1960 comme le moderniser en apportant quelque chose de nouveau en elle tout en gardant le noyau de la valeur des années 60… Je suis inspiré par mon défunt grand-père et je puise mon inspiration sur toutes les espèces et des objets vivants. »

Depuis son enfance Lourens a gardé l’influence de ses parents sur sa manière de voir la vie et de remplir sa garde robe. Car derrière chaque pièce, existe un souci de faire de bonnes affaires. A la question de savoir où il parvient à avoir ses rares vêtements, il explique : « Un grand nombre de fournisseurs en Afrique ne réalise pas vraiment la valeur de ce qu'ils vendent parce que beaucoup de gens ne sont pas intéressés à porter du vintage, ils le considèrent comme des vêtements d'occasion, j'arrive à  m’habiller à bon marché et je finis par ressembler à un millionnaire.»

Maintenant, en plus de vivre pleinement sa passion, des photographes des quatre coins du monde viennent immortaliser ses looks dans les banlieues de son pays natal. Ce qui le pousse vers l’univers de la confection de vêtements par sa collaboration récente avec Khumbula, un groupe de stylistes et de designers de Johannesburg en Afrique du Sud.



Découvrez ses looks ci-dessous.  



















 @diinedk


dimanche 1 juin 2014

ORIGINES ET EVOLUTION DE LA RUMBA CONGOLAISE


Venant à l’instant de découvrir une chanson d’un certain Ablaye Thiossane « Thiéré lamboul » grâce à un twittos, l’envie d’écrire un article sur les tubes des années post indépendance m’est venu spontanément. D’abord je précise que je n’ai pas une maîtrise particulière de l’évolution de la musique africaine à cette époque. Mais je tiens juste à partager quelques coups de cœur que j’ai eu à découvrir au hasard (comme celui de Ablaye Thiossane) ; par ailleurs je ferai une petite recherche sur les sonorités de cette époque. Pour un début on se consacrera sur un genre musical bien particulier, la rumba congolaise. Cette dernière fait partie de mes préférées avec cette langue le lingala (que je ne comprends absolument pas) qui pour des raisons inexplicables je trouve très beau. Cette musique imprégnée dans la culture congolaise est riche par la diversité des thèmes inspirant les chansons.


Origines:

La Rumba est une danse de nombril qui vient du Royaume Kongo et en République Centrafricaine, la danse du nombril à l’époque est une expression folklorique charnelle permettant à un couple de danseurs de se produire nombril contre nombril.
La Rumba conserve à ce jour quelques mots bantou et yoruba dont on entend dans certaines chansons Cubaines. Lorsque la Rumba est revenue en Afrique entre les années 40 et 50, après avoir été longtemps un moyen d’expression artistique et de revendication des noirs qui dénoncent l’injustice dont ils sont victimes à Cuba, elle a été réappropriée par les Africains.




Evolution:

La Rumba vers la fin des années 50 va se moderniser avec l’incorporation de la guitare électrique, la trompette et la batterie. Au fil des temps, elle intègre d’autres courants musicaux tels que le Jazz, le Makossa, la Pop et la Soul. Les musiciens africains intègrent leur folklore dans ce riche patrimoine culturel et l’enrichissent d’autres courants. La rumba congolaise va devenir le soukous ou le ndombolo incorporant des influences locales pour les dernières générations.


"Ebale ya Zaire" (Le fleuve Zaire)




Ebale ya Zaïre (Le Fleuve Zaïre) est l’une des chansons les plus célèbres des grands classiques de la Rumba congolaise composé en 1973. Il s’agit d’une chanson d’amour (écrite en lingala) basée sur des faits réels vécus par l’auteur Simaro Lutumba. Ce dernier fut sérieusement affecté par le départ de sa femme qui se rendait au Nord de la République démocratique du Congo. En accompagnant sa dulcinée au port de Kinshasa où elle devrait prendre le navire, il fut subitement épris d’un sentiment d’abandon. Plutôt que de s’effondrer impuissant dans les bras de Zwani sa partenaire de vie, il s’en prend au navire qui va l’emmener vers d’autres cieux, en l’accusant de lui voler son amour éternel et en lui demandant surtout de la ramener le plus tôt possible. Il assiste, les larmes aux yeux, à l’éloignement de ce maudit navire qui disparaît dans le brouillard avec sa bien aimée, sans être rassuré de son retour, le regard figé sur la photo qu’elle lui a laissée en souvenir au moment de s’en aller. Il en est tellement meurtri qu’à la fin de la chanson, il en appelle presque à la mort pour alléger ses souffrances, ne pouvant plus supporter de voir devant lui l’ombre de sa femme à chaque pas qu’il fait. Dans cette chanson, Simaro Lutumba relate toute la peine qu’il a eue à accepter la séparation d’avec sa femme, de façon très imagée, très poétique et à la fois philosophique.


"Maria Chantal" Zaire Attack (1974)




"Makolo ya massiya" Carlyto Lassa (1997)




La Rumba aujourd’hui :

A force d’évoluer, la rumba s’est dénaturalisée avec des influences pop à l’heure actuelle. Le lingala bien que très beau n’est pas une langue accessible au reste du monde. En plus des artistes qui perdent leur personnalité artistique en citant plusieurs noms de célébrités dans leurs chansons. Heureusement qu'il arrive d'être agréablement surpris par des nouveaux venus qui sortent du lot parmi lesquels on peut citer le groupe Bana C4 produit par le rappeur Youssoupha. Le groupe est constitué de chanteurs et danseurs pour la plupart d'origine africaine.



Ainsi s'achève ce voyage en espérant que vous avez aimé. A très bientôt pour de nouvelles découvertes musicales.

jeudi 29 mai 2014

OUTDOOR #2




Réveil matinal, un peu de lourdeur dans les jambes. Après quelques essaies, d’expirations répulsives et pathétiques, la vingtième pompe est enfin atteinte. Moment de solitude et de détachement. L’esprit dicte, les sens subissent et poussent les pores à libérer l’immense gratitude  de l’effort. Comme chaque matin l’engagement noie la douleur qui bâtit une perfection inexistante.




Ainsi chaque matin, est choisie la chemise proportionnée, le pantalon aux quatre poches, les chaussettes, les bottes. Ces dernières sont délicatement dépoussiérées. Comme toujours avec la même attention, comme toujours en fredonnant. 


Une seconde dans la peau de Jacques, mais seulement le dos fait face à la porte et il n’y a ni Rose, ni vent, ni bateau. Un chemin ensablé, des pas appuyés un peu comme pour sauter des obstacles, des obstacles qui se poseront jusqu’à l’arrêt de la « ligne 1 ».




Dans le bus, une vieille dame vendeuse de beignets protège religieusement son panier. Ignorant réprimandes et regards inquisiteurs, elle est en face de moi. Ce moi avait aujourd’hui cette compassion du commun des passagers. Celle qui voulait que l’on sorte ses pièces avant de s’enorgueillir de sa vertu du jour. Supporter la difficulté de cette femme à surmonter les marches du bus, son visage balafré, ses mains veineuses et tremblantes me suffirent à sacrifier l’une des dernières pièces de ma poche. Suivait alors un regard surpris, un sourire volé et des prières témoignant d’une gratitude spontanée.


Je descends un peu plus tôt car brûle en moi l’immense envie de subir à la tentation. Ce matin je ne franchirai pas le portail de l’école. La place du souvenir ne me laisse pas le choix. Je descends les marches petit à petit, indifférent devant les affiches du Dak’art. S’en suit une heure de fausse méditation. Tantôt coupable, tantôt victime. L’interminable guerre entre l’esprit, l’être et la raison.




Soudain derrière d’ennuyantes lamentations, ces cris expressément ignorés bénéficient de mon attention. Une école venue visiter une exposition. On est bien loin de l’ambiance morose des jours ordinaires. Cette insouciance juvénile provoque les réprimandes de cet adulte qui n’a pas su être un éternel enfant. Faudrait qu’il lise le petit prince.


Je succombe encore à la tentation. Celle qui m’invite à rejoindre les enfants. Sans surprise je me retrouve dans la salle, délicatement éclairé. L’écho des cris me laisse perplexe. Je fais semblant de m’y connaître les toiles se ressemblent et se succèdent. Je ne parviens pas à lire entre les lignes. Il est visible que seul l'esthétique est prise en compte. Je comprendrai plus tard que c’est une exposition de l’ICCM. Une école de mode. Pendant ce temps les enfants se sont volatilisés.






En remontant les marches de la porte du souvenir, une autre affiche m’invite à nouveau. Le projet a l’air beaucoup plus ambitieux, un collectif de 14 artistes africains. « Abstractions légitimes »







Je retrouve des tableaux aboutis, ma prétention me pousse à avoir un œil critique. Mais seulement je ne vois toujours rien. Seulement le recours à la facilité pour certains artistes. Heureusement pas tous. Bon sang qu’est ce qu’il faisait chaud dans cette salle ! Du vide, de la chaleur. Je constate avec amertume ce que l’art me réservait.

Les marches en fredonnant. J’aurai du aller aux cours. 







dimanche 25 mai 2014

IMMERSION DANS L'ALIEN CARTOON DE SELLY RABY KANE



Ce samedi 24 Mai a été l’occasion pour la styliste Selly Raby KANE de nous présenter sa nouvelle collection dans les locaux de la gare ferroviaire de Dakar qui fêtait ses 100 ans. L’idée était de découvrir la transformation du vêtement dans une cité africaine envahie d’aliens, d’êtres étranges et fantastiques issus du futur. L’initiatrice est cette liane juvénile qui dans le royaume du conformisme façonne le bazin, commande des lunettes plus grandes et supporte les fanfreluches flirtant aux frontières du ridicule pour les plus réticents. Mais ceci n’est qu’une première impression. Pour hier soir, il suffisait de prendre place, d’ignorer les commentaires (toujours de ces mêmes réticents) et d’apprécier l’invasion. Car oui il s’agissait bien d’invasion.



Une performance artistique :



Dans l’univers d’Alien Cartoon, tout supposé cliché de la mode est aboli. Ici le désordre est minutieusement formalisé. Un public cosmopolite découvre à l’entrée cet univers fantasmagorique. Lumières fluorescentes, androgyne, langouste rampant (ou ce qui en reste), araignée. Tout est apprivoisé. Trait d’union essentiel de cette vie répétitive et l’univers des Aliens, la gare supporte avec une infinie grâce le regard inquisiteur des passants. Pendant que certains derrière mimiques et allures forcées jouent aux habitués, des « débutants » comme moi s’attardent sur chaque pièce, essaient de comprendre la schizophrénie de chaque créature ; et par la même occasion la personnalité de l’artiste. A ce moment précis, on est beaucoup plus proche de la biennale que du podium. Le spectacle ne fait que commencer. A l’étage qui abrite une pieuvre, la toile d’araignée géante surplombe le miroir. Juste pour nous rappeler de prendre une photo de soi pauvre en pixel dans cette pièce mal éclairée. Encore quelques tours avant de terminer par découvrir ce que cachent aux méandres de la salle, ces murs délabrés.





Le spectacle qui continue :

Derrière les murs, on se heurte à l’allure rustique de la gare qui donne de la crédibilité au concept. Les places vides à un moment, auront tendance à nous faire croire que « Madame Nature » s'est très mal débrouillée dans la répartition du bon goût. Mais les arrivées tardives et la « ponctualité sénégalaise » nous rappellerons qu’il y’a bel et bien des adeptes d’aliens et… de cartoons. Au dessus de l’habitacle des models, se déhanchent des hommes et femmes en fourrure sortis tout droit d’un asile. Hormis les habituels jeux de lumière, on retrouve sur le plan visuel une ambiance sombre, lourde, déstructurée mais tout de même conceptuelle.



Vient alors cette fameuse transition que l'on pourrait décrire comme un rappel de la présence des aliens en Afrique. Un beat de dupstep saupoudré de la cadence des rythmes du tambour. L'intensité de la bande sonore explose littéralement et donne lieu à une prestation instrumentale des plus hypnotisantes et chaotiques, complètement distordue. Un peu comme une crise d'hystérie fantomatique que subirait un micro dysfonctionnel.
Selly profite de cet instant pour nous rappeler qu’après l’invasion, le bazin sera troué, détouré, collé ou mélangé à du plastique. Le cuir sera boursouflé et les vêtements seront légèrement de plus grande taille. Le wax n’est plus vulgairement coupé pour rappeler une africanité inexistante. Ici il est traité comme un simple coupon ; mais façonné avec de la cire de coton imprimé, un col et une poche plaquée en jean. Les doublures d'impression des pièces ont l’air douces et confortables. Après l’invasion, le conventionnel aura l’air d’être de la provocation. Car par accident, sont apparus quelques modèles qui ont brillé par leur simplicité. Un petit temps de répit avant que l’assaut ne reprenne avec des robes fluorescentes, des spirales en soie, des « lunettes » assorties aux chaussures pour les femmes et de ces combinaisons tout droit sorties de la NAZA pour les hommes.





Pourrais-je porter du SRK ?

Sans se leurrer, les pièces sont fortes et ne sont pas à la portée de tous. Mais il suffit d’avoir les yeux écarquillés, de voire derrière cette allure longiligne et gracieuse une femme talentueuse. Capable de sortir des préjugés en parvenant à rendre crédible un cardigan en wax, ou du bazin sous de la toile. Il suffit d’avoir l’œil pour s’imaginer dans une pièce bien précise accompagnée de basiques neutres. Là vous verrez que rentrer dans du SERAKA ne demande qu’une forte personnalité.





Pour conclure…

Le défilé fut un moment absolument captivant, qui a suivi la cohérence psychédélique que l'on pourrait tracer du parvis de la gare jusqu’au podium. Les onomatopées de la bande sonore furent troublantes et apparurent telles des incantations venant ponctuer et structurer l'intensité du résultat artistique. Mais ma plus grande satisfaction vient du public. Etant à l’écart pour la plus grande partie de la soirée, je me suis permis d’observer ces invités très dynamiques. Le plus plaisant reste l’inexistence des préjugés que j’avais de l’univers de la mode. Ici pas de prétention, ni de chichis. Il y’a un public et un artiste ; du respect d’un côté et de la gratitude de l’autre. Les dreadlocks font face aux touffes vertigineuses. Ici on voit un t-shirt SRK, une robe SOA ou un pantalon BUUL DOF. Autant de choses qui nous font oublier les prix (avouons-le), extrêmement coûteux des pièces. 
En attendant j'esquisse un sourire, je ressens de la fierté mais surtout de l'espoir. Espoir de vivre encore ces moments et de rencontrer tout ce beau monde à nouveau. Ce monde qui, après l'invasion, s'habillera en SRK! 




Crédits images:
Jean Baptiste JOIRE
Omar Victor DIOP

jeudi 8 mai 2014

OUTDOOR #1


Man, rappelle toi que t’es le symbole de la virilité. Empruntons un faux air de macho pour abolir cet affreux leggings soit disant pour homme et surtout cette paire de « méduses » à moins de vouloir participer à un ersatz du met bal. En attendant il est samedi : moment où tous les dépressifs sortent de leurs tanières, les ados aux visages boutonneux avec ce répulsif SWAGG, ces vieux ridiculement armés de leurs paires d’air max, ces restos bondés, ce beau monde… bref Dakar. Ce samedi on sera de la partie et on est prêt à la sauver.


Une bonne gueule

Strawberry Bubblegum en fond sonore, on y va doucement pour un début.
Des fringues bien coupées, des couleurs neutres, des chaussettes (surtout des chaussettes), une bonne paire de sneakers ou de desert boots. Le tour est joué !
On préfère le cardigan à la place de la veste car t’es cool. You know it. I know it. We both know it!
Dire au revoir au désordre de votre chambre et aller sauver des vies.


De bonnes "vibes"

De la bonne musique tu mettras. Quoi dire de Will ?
Doucement tu rouleras.
Avec des cons, tu traîneras.
Au verre de l’inconnu, tu ne toucheras point.
On oublie Madame Pavoshko.


Le coin

Musique house, rythmes électro, ambiance intime ou décalée. Certes le choix est réduit mais les possibilités ne manquent pas jusqu’au bout de la nuit. Man ! Toi ce noctambule, insomniaque qu’attends-tu pour descendre de cette voiture, de franchir cette porte, de commander un plat raisonnable à partager autour de la team. Celle des déjantés et frapadingues qui te pousseront à faire un selfie la bouche pleine.





On finit par les jeux de lumières fluorescente. Oublies que la vie est merdique ! Fredonnes cet air. Marches langoureusement vers le milieu de la piste. Subitement ce corps ne t’appartient plus. Tu cries, tu danses, tu t’éclates. Ta chemise est déboutonnée, ton torse humide, mais putain comme tu te sens bien. 


Et si le DJ enfonçait le clou par ceci ou ça. Après quelques heures, tu sors de cet endroit mythique en fredonnant ce mélancolique mais non moins cool air de :




Et t’es dehors. L’air de Dakar. La sensation de fraîcheur sur ta tête. Tes pieds pèsent des tonnes quand tu te demandes comment rentrer . Jusqu’au moment où Sam Smith te rappelle que t’es dans la voiture, que ton pote est en train de conduire.



Ton esprit divague, le réveil sera difficile. But you can fix it!

jeudi 23 janvier 2014

CRITIQUE : DJANGO UNCHAINED



Il ne manquait pas de superlatif pour qualifier le dernier film de l'extravagant Quentin Tarentino. En gros un western spaghetti soupoudré de quelques clichés. Véritable succés en salle, Django Unchained est qualifié de plus grand film de tous les temps par certains internautes. Après l'avoir visionné en VF puis en VO (sous titré), j'avoue être à la limite de la déception. Mais avant de me concentrer sur le film familiarisons-nous avec le réalisateur dans l'un de ses films cultes:"Pulp Fiction" sorti en 1994:

PULP FICTION

Ce que j'aimais chez Tarantino avant Django était cette déstructuration du verbe qu'était obligée de suivre le scénario. Prenons l'exemple de pulpe fiction; à partir d'un récit déstructuré, Tarantino avec cet humour noir parvient à façonner les dialogues qui abolissent toute linéarité. Aucune règle n'est supposée être suivie, les scènes se succèdent surprenantes, hilarantes pour la plupart du temps avant de se terminer par des répliques cultes.


La scène du resto entre Vincent et Jules juste avant la fin:
- Tu veux du bacon ?
- Non, merci. C’est du porc.
- Pourquoi, t’es juif ?
- Nan, j’ai horreur du cochon. Ca craint c’est tout.
- Pourquoi ?
- Parce que c’est dégueulasse un porc. J’mange pas ce genre d’animal.
- Mais l’bacon c’est délicieux ! Un bon jambon c’est délicieux !
- Mouais, les rats ont p’tet le goût de crème caramel mais comme j’ai pas l’intention d’en manger j’pourrais jamais le savoir. Et puis les cochons il se roulent sans arrêt dans leur merde, même qu’ils la bouffent. C’est dégueulasse. Faut être con pour manger ses excréments.
- Hé ben et les chiens ? Les chiens ils les mangent eux.
- J’mange pas de chien non plus.
- Tu penses que le chien est un animal aussi sale que le porc ?
- J’dirais pas que c’est un animal aussi sale que le porc mais il n’empêche qu’il est dégueulasse. Seulement, le chien a de la personnalité. La personnalité ça change tout.
- Si j’comprend bien dans ta logique un porc qui aurait de la personnalité ne serait plus aussi dégueulasse qu’avant, c’est ça le truc ?
- Ouais, mais pour ça il faudrait qu’il ai un charme fou ton porc. Il faudrait qu’il possède dix fois plus de charme que le cochon de Walt Disney tu vois ce que j’veux dire.
Nous pouvons noter cette force qu'il a à dédramatiser les tragédies créant un décalage énorme entre les situations vécues à l'écran et la psychologie des personnages qui se laissent aller à une grande désinvolture et une légèreté parfois troublante. Comme l'illustre la scène de la montre en or ci-dessous qui est selon moi l'une des plus hilarantes de tous ses films:


A celà s'ajoute la simplicité de l'histoire, contrairement à Django Unchained, si on regarde à nouveau "Pulp Fiction"ça sera pour le plaisir et non pour comprendre le scénario.



RETOUR SUR DJANGO

Difficile pour moi de dire que ma déception relève de mon souci de résister à l'influence de la masse ou plutôt des contradictions et quelques séquences qui m'ont offusqué.
Toujours les mêmes stéréotypes, dominant/dominé, le noir qui doit toujours s'émanciper. Le père spirituel prônant la vertu et accordant des faveurs à un esclave qui sort du lot (Cette pierre précieuse qu'on peut trouver à 1/10000

 
Le personnage de Django est agaçant et égoïste. Broomhilda reste très passive et accepte juste d'être la femme qui subit des sévices sans résistance et attend son esclave émancipé. La scène des retrouvailles entre Django et Broomhilda relève du ridicule quand celle-ci s'évanouit dans la chambre. L'effet recherché n'est pas trouvé selon moi. La scène manquait d'un peu de fluidité. À y voir de plus près je crois que le réalisateur a voulu jouer avec les émotions des téléspectateurs en rendant l'attente des retrouvailles les interminables. Tandis qu'on s'attend à un peu de romantisme voir même cette joie contenue qui explose, Tarantino ajoute cette petite touche de stupidité renforcée par la passivité de Broomhilda. Ce que certains peuvent ne pas aimer.




Le Docteur Schulz reste l'un de mes personnages préférés. Pas pour son côté mentor mais plutôt pour son sens de l'humour. La scène du début avec les esclaves, ou lorsqu'il lance au propriétaire du Bar après avoir buté le shérif : "Maintenant tu peux appeler le Marshall!".

Enfin le personnage de Stephen reste le plus controversé, mais là demeure tout l'intérêt du film:
le fait d'ériger deux personnages qu'on n'avait pas l'habitude de voir interprétés par des noirs.
Des cow-boys noirs? Pas tout à fait. C'est que Tarantino réussit à donner tous les attributs d'un western accompli à Django. Désormais le héros c'est lui, il se met à cheval, s'endimanche et se permet de fouetter ses maîtres blancs. Les règles sont changées.


Mais le revers de la médaille est Stephen l'un des plus détestés du film. On se demande parfois si ce contremaître est noir. Où se trouve la compassion entre communautés (Là je parle de l'époque de l'esclavage). On a l'habitude de victimiser les noirs et de faire passer les esclavagistes pour des diables. Stephen constituera à lui seul ce qu'il y a de pire, cette dévotion inexplicable qu'il a pour son maître qui a commencé avec le père de celui-ci poussera même le téléspectateur à avoir une certaine admiration aussitôt réprimendée par la haine qu'il a pour les esclaves et particulièrement pour Django. Le fait que c'est lui qui finit par trouver le secret de Broomhilda fera de lui le personnage le plus détesté. Mais ici, la critique de la part de Tarantino est objective d'un point de vue de ces deux personnages qui représentent tout ce qu'il y'a de mieux et de pire.



L'attitude de Django sera par moment incompréhensible tant l'absence de solidarité et de compassion le caractérise. On nous dira que tout ceci est justifié par le fait qu'il veuille retrouver sa bienaimée. Difficile d'arriver à faire le lien.

Finalement, Django restera le film de Tarantino qui m'a le moins plu. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir des scènes cultes malgré toutes les spéculations. "Django Unchained" s'avère être un bon film de western fourre tout un peu disproportionné. La scène de l'explosion digne d'une fin de "Rambo" , Broomhilda qui se bouche les oreille (Je crois que j'avais envie de lui donner une claque lol), en admirant paisiblement son amour qui fait danser son cheval (WTF???).

Finissons en beauté avec la scène des cagoules aussi hilarante que stupide: