Cela se passe dans un bus, avec des
passagers. Le confort y est revisité et le trajet différent. Ici la cassure de
la routine n’est pas élusive. Elle est sensuelle, suave mais surtout réelle. Elle
se manifeste par la politesse des passagers, le confort des sièges, et la joie
de vie des lycéens. Comme depuis vingt jours, j’appréhende la cassure. Ici la
différence n’est pas que matérielle, elle se glisse subtilement entre les
préjugés. C’est assis au fonds avec un air pieux que j’essaie de m’insérer dans
cette mosaïque culturelle. J’observe les regards et les réactions. Elles sont
parfois spontanées mais pour la plupart revendiquent une certaine légitimité.
Dans ce bus, les gens ont cette particulière manière de vous exclure en vous
invitant. « L’exotisme s’arrête au zoo. Ici, on ne vit pas sur des
branches ni sous des cases. Tous ensemble ! » . L’opération se
fait sans émotions particulières. Cela passe par une mimique, un regard furtif
limite réprobateur. Mais avec cette élégance légendaire tant revendiquée. Juste
après, vient le moment de se débarrasser de son « exotisme », de
rester muet en écoutant Nina Simone et d’attendre la délibération. Ces fameux
trois mots... Hôtel du département.