dimanche 11 octobre 2015

Hôtel du département


Cela se passe dans un bus, avec des passagers. Le confort y est revisité et le trajet différent. Ici la cassure de la routine n’est pas élusive. Elle est sensuelle, suave mais surtout réelle. Elle se manifeste par la politesse des passagers, le confort des sièges, et la joie de vie des lycéens. Comme depuis vingt jours, j’appréhende la cassure. Ici la différence n’est pas que matérielle, elle se glisse subtilement entre les préjugés. C’est assis au fonds avec un air pieux que j’essaie de m’insérer dans cette mosaïque culturelle. J’observe les regards et les réactions. Elles sont parfois spontanées mais pour la plupart revendiquent une certaine légitimité. Dans ce bus, les gens ont cette particulière manière de vous exclure en vous invitant. « L’exotisme s’arrête au zoo. Ici, on ne vit pas sur des branches ni sous des cases. Tous ensemble ! » . L’opération se fait sans émotions particulières. Cela passe par une mimique, un regard furtif limite réprobateur. Mais avec cette élégance légendaire tant revendiquée. Juste après, vient le moment de se débarrasser de son « exotisme », de rester muet en écoutant Nina Simone et d’attendre la délibération. Ces fameux trois mots... Hôtel du département.

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