samedi 7 novembre 2015

Happy little pill in my styrofoam cup...



Chaque rédacteur vit ce moment fatidique pendant lequel le besoin pressant de ne plus se mentir habite l’âme. Ce moment précis pendant lequel le cœur réclame la transcription exacte du ressenti. Cela commence par une adrénaline souvent indescriptible que provoquent des évènements riches en émotions ; ou simplement de manière passive une image, un son, une chute, un réveil brutal. Et ce matin, se révèle de l’adrénaline. Dans une ambiance d’automne, elle se distribue avec parcimonie. D’abord par une voix venant d’un corps dont le surpoids ne fait qu’augmenter le charme. Puis d’un décor satiné qui appelle au calme et à l’apaisement.

L’orgasme auditive, le déliement de l’âme et son élévation ont cette apparenté hypnotisant et chaotique. La remise en question entre l’arrivée des premières notes et la gravité du rythme installe et accentue la mélancolie. Oui la même qui résonne et réclame l’authentique vérité. Point de redondance ! Elle ne se signale pas dans sa forme embellie, remodelée ou arrondie. Elle est là, s’exige comme jamais au rythme du piano. Comme une crise d'hystérie que subirait un corps (âme) humain, la vérité traverse avec enthousiasme les vicissitudes d’une gorge nouée.

L’esprit se résout à aborder sans ruse la transcription. La plume plonge au plus profond de l’âme y délie sa récolte et divague dans les tumultes de l’hésitation. A ce moment précis aucun compromis ne se révèle. Seul se manifeste la volonté d’assumer son passager noir, de l’extirper des ténèbres de la caricature avant de l’étaler sur un feuillet immaculé. L’initiative parait audacieuse jusqu’à l’entrevue de l’absolue vérité et du tank social. Les deux antagonistes s’épient et finissent par remettre en question le fondement de l’opération. Accompagner cette vérité jusqu’à son dénouement ou l’enduire de cette matière visqueuse qui diminuera sa clarté lors de sa révélation ?

Chaque humain vit ce moment fatidique pendant lequel la raison se résout à faire succomber sa vérité. Cela se passe dans un duel ; après lequel la vérité graisseuse devient embellie (travestie), remodelée et arrondie. Elle ne s’exige plus mais s’expose sans intérêt. Là devant admirations, louanges, et ovations. La procédure psychédélique (musicale) n’aura pas été sémillante. Tout de même, elle aura permis d’enrichir un répertoire où se côtoient femme en surpoids et homme frêle ; voix graves et voix nasillardes. Humains aux mœurs légères et d’autres avec un très bon jeu d’acteur.


La procédure psychédélique de cette chronique est fausse. Il n’y avait pas de femme en surpoids. Il y’avait un adolescent anorexique. L’adrénaline vient certes de lui mais n’a pas été distribuée avec parcimonie. Elle est venue de manière brutale comme les images du clip. La vérité, sa partie absolue a été négociée puis dissimulée à travers la profondeur de la (ma) pensée. En attendant de la purifier de son liquide visqueux, sachez qu’elle divague toujours dans les tumultes de l’hésitation. 

@diinedk

Photo: Selly Raby Kane 

dimanche 11 octobre 2015

Hôtel du département


Cela se passe dans un bus, avec des passagers. Le confort y est revisité et le trajet différent. Ici la cassure de la routine n’est pas élusive. Elle est sensuelle, suave mais surtout réelle. Elle se manifeste par la politesse des passagers, le confort des sièges, et la joie de vie des lycéens. Comme depuis vingt jours, j’appréhende la cassure. Ici la différence n’est pas que matérielle, elle se glisse subtilement entre les préjugés. C’est assis au fonds avec un air pieux que j’essaie de m’insérer dans cette mosaïque culturelle. J’observe les regards et les réactions. Elles sont parfois spontanées mais pour la plupart revendiquent une certaine légitimité. Dans ce bus, les gens ont cette particulière manière de vous exclure en vous invitant. « L’exotisme s’arrête au zoo. Ici, on ne vit pas sur des branches ni sous des cases. Tous ensemble ! » . L’opération se fait sans émotions particulières. Cela passe par une mimique, un regard furtif limite réprobateur. Mais avec cette élégance légendaire tant revendiquée. Juste après, vient le moment de se débarrasser de son « exotisme », de rester muet en écoutant Nina Simone et d’attendre la délibération. Ces fameux trois mots... Hôtel du département.